La Cour Constitutionnelle de Turquie a validé l'expulsion de neuf dirigeants chrétiens étrangers. Leurs "activités missionnaires" étant considérées comme une menace pour la sécurité nationale. "La Turquie cherche systématiquement à réprimer les croyances chrétiennes à l'intérieur de ses frontières", dénonce ADF International.
La plus haute juridiction de Turquie, la Cour constitutionnelle, a récemment statué que l'expulsion de neuf chrétiens étrangers par le gouvernement "ne violait pas leurs droits".
Ces chrétiens avaient légalement obtenu le droit de séjourner en Turquie, ils avaient néanmoins été étiquetés avec le code d’immigration "N-82", les accusant de constituer des "risques pour la sécurité nationale" en raison de leurs "activités missionnaires". Selon l'organisation juridique pour la liberté religieuse ADF International, cette classification a conduit à la révocation de leurs permis de séjour, à l'émission d'arrêtés d'expulsion, et les a même empêchés de retourner en Turquie après des voyages à l'étranger.
Les neuf chrétiens ont contesté ces mesures devant les tribunaux, mais à chaque fois, les instances ont conclu qu'il n'y avait pas eu de violation de la loi ou de la procédure.
Ils font partie d'un groupe plus large d'une trentaine d'étrangers portant le code N-82, engagés dans des œuvres religieuses en Turquie. Cet arrêt est le premier jugement collectif rendu par l'Assemblée générale de la Cour constitutionnelle.
À la suite de la décision de la Cour, ADF International a déclaré que ce jugement marque un tournant dans l'histoire juridique de la Turquie. Kelsey Zorzi, directrice du plaidoyer pour la liberté religieuse mondiale chez ADF International, a en effet souligné qu"'il devient de plus en plus évident que la Turquie cherche systématiquement à réprimer les croyances chrétiennes à l'intérieur de ses frontières". Elle a également noté que chaque année, un nombre croissant de chrétiens étrangers sont perçus comme des menaces à la sécurité nationale.
"Les défenseurs internationaux des droits humains perdent espoir que justice soit rendue en Turquie."
Depuis 2018, environ 185 ministres protestants étrangers ont été expulsés ou interdits de retour en Turquie, souvent sans justification claire ni accès aux rapports des services de renseignement, rapporte l'organisation juridique pour la liberté religieuse.
La Turquie est classée 50e dans l’Index Mondial de Persécution des Chrétiens 2024 de l'ONG Portes Ouvertes. Selon l'organisation, "le nombre d’immigrés chrétiens a fortement augmenté avec l’arrivée de réfugiés chrétiens d’arrière-plan musulmans venant d'Iran, d'Afghanistan, de Syrie et d'Irak. Devant tant de menaces et de pressions, nombre d'entre eux craignent d'entrer en contact avec les églises locales".
Salma El Monser